BLOG D’EXPRESSION

LITTÉRAIRE ET POÉTIQUE

Paradis perdu, déferlantes et odeurs nauséabondes

Il y a des débuts d’année plus tempétueux que d’autres. Et 2023 semble être encore une année pleine de creux et de vagues ! D’ordinaire, j’aime assez me jeter à l’eau (28°C minimum, faut pas déconner !) et je n’ai pas peur de nager en eau trouble (sauf à La Réunion aux alentours de 17h ou dans la vase de Fouras et dans certains pédiluves…).

En vérité, je suis surtout le genre de personne qui adorerait faire de l’apnée s’il pouvait rester au chaud ou à aller à la piscine en combi de plongée 12mm si c’était autorisé. J’aurais pu jouer dans le film « Le grand bleu » si l’histoire s’était déroulée dans un jacuzzi avec des petits canards jaunes en plastique en guise de dauphins et si l’apnée la plus longue et technique était de 16 secondes pour laisser passer le prout du voisin, sans éclater de rire ! Bref, si j’avais eu le rôle, Jean-Marc Barr serait passé à côté de la carrière qu’on lui connait ! Comme quoi, la vie d’un artiste, ça tient à peu de chose finalement.

Pardon, je digresse, revenons à nos moutons qui courent sur la surface de l’eau ! Après une fin d’année qui a vu s’échouer avec fracas tout notre travail et le projet qui en découlait, éclaboussé de déception et étourdi de frustration, on s’est dit qu’il fallait sortir la tête du tambour de la machine à laver. Alors avec femme, on a rebattu pavillon et on est retourné en mer affronter la tabasse quotidienne. On a pensé naïvement que la nouvelle année serait le départ d’une nouvelle transat moins éprouvante.

Et TuuuuuLLLLuuuuuUUUUUU ! Janvier 2023 est arrivé !

S’il est trop tôt pour présumer que ce mois détrônera à lui seul l’année 2022, on peut déjà dire qu’il nous a déversé son lot de ressacs émotionnels et de mirage mi-thon, mi-sirène (on te fait pas la bise Arielle). Suite à notre projet de gîtes tombés dans les abysses, on a compris que notre statut de locataires nous empêcherait d’accéder à un crédit pro digne de ce nom ! Alors pour rentrer nos palmes dans les mocassins à glands de la banque, on s’est mis en tête d’acheter une résidence principale… avec suffisamment de terrain pour réaliser nos hébergements plus tard. On a joué la carte du conformisme quoi !

Et vous savez quoi ? Sans nous y attendre, en visitant une seule et unique maison, nous pensions déjà avoir trouver LA perle rare ! Notre petit paradis ! Gros coup de cœur pour moi… et ma femme ! Comme quoi la foudre peut tomber deux fois sur les mêmes individus ! (pour notre ancienne maison, on avait visité une trentaine de biens pour s’arrêter sur une sorte de compromis.) On a pensé trouver l’endroit où on allait pouvoir déposer nos rames et nos valises pour un bout de temps ! Il y avait certes quelques travaux à réaliser mais rien de bien méchant.

En résumé, il s’agissait d’une ancienne gare de campagne sur un domaine de 4000 m2 avec son allée de tilleuls, son jardin paysager et son puits. Sans voisins proches mais pas isolé du reste du monde non plus ! Et avec ma chérie, on s’est toujours dit, entre deux rêverie, qu’on finirait soit dans une maison éclusière, dans une maison avec une vue incroyable sur des vallons avec un petit cours d’eau en contre-bas ou… une ancienne gare ! Alors, il n’a pas fallu longtemps pour nous projeter.

Comment peut-on véritablement tomber « en amour » aussi vite pour une maison ? Ressentir une telle émotion pour une bâtisse et un terrain ? Rien de rationnel à cela mais les coups de foudre le sont-ils toujours ? Pour ma part, c’est la première fois que j’éprouve cela pour un potentiel lieu de vie. J’ai pourtant déménagé de nombreuses fois au cour de mon existence et jamais un lieu ne m’avait autant touché ! Il aura fallu que quelques minutes de visite pour cela.

Alors comme au poker, on était prêt à faire tapis ! Malheureusement, et vous vous en doutez maintenant, après quelques rebondissements épiques, l’inespérée opportunité nous est passée sous le nez… à 15 minutes près !!! Une vague puissante comme un uppercut nous a alors soufflé le cœur et coupé le souffle ! Touché-coulé ! Retour à la case départ ! Les jeux sont faits ! Refaites vos vœux s’il vous plait !
Aspirés par le rouleau-compresseur du réel, on a (eu) du mal à refaire surface. C’est cruel, âpre, difficile à encaisser mais c’est le jeu de l’offre et de la demande mon bon monsieur. Il va falloir s’en remettre mais tout parait fade et sans saveur, une fois les petits papillons dans le ventre envolés !

Et comme une vague en cache souvent une autre ! Nous avons dû faire face à une seconde déferlante !! Encore plus inattendue et sournoise celle-ci. La tête un peu groggy, nous avons appris que la Mairie, propriétaire de notre appartement, ne renouvellera pas notre bail ! Avec comme prétexte : l’annexion de notre logement pour agrandir leurs bureaux et accueil… dans un village de 400 âmes ! Neuilly n’a qu’à bien se tenir !
Le « chef du village » et sa cour ont voté à la quasi unanimité cette décision, sans qu’à aucun moment nous ayons été consulté ou informé du projet. Pire, c’est le père de ma femme qui siège à ce même conseil qui l’a appris à ses dépends… et qui, en plus, a été contraint de faire le sale boulot de nous l’annoncer. Pitoyable et écœurant d’irrespect !

Nous avons surtout l’impression désagréable de payer pour les mésententes du passé, pour une petite gué-guere de clan. Le maire ne portant plus en odeur de sainteté son ancien premier adjoint qui n’est autre que… le père de ma chérie ! Nous sommes les victimes collatérales d’un problème d’égo mal placé, de problème qui ne nous concerne pas vraiment ! Notre présence contre-quarre désormais et malgré nous, les nouveaux projet de l’édile !

C’est fou comme un petit entre-soit municipal peut décider de faire la pluie et le beau temps dans un petit village ! Et je vous parle pas des petites mesquineries dont on a déjà été l’objet comme la décision de transformer la cour commune en lieu de stockage et parking pour les véhicules, tracteurs et matériels du cantonnier, la remise en route de la cloche de la mairie qui n’avait pas sonné depuis plus de 40 ans et qui faisait trembler nos murs, la publication d’un arrêté pour faire dégager notre camping-car, l’interdiction de stationner nos voitures devant chez nous ou les réprimandes sur la façon de tondre la pelouse…

Vade Rétro Satanas ! Vous serez bannis du village pour votre appartenance filiale et votre engeance sur plusieurs générations pour avoir osé déranger la police auto-proclamée de l’ordre et du bon goût local ! Comme quoi la chasse aux sorcières et les pratiques d’un autre temps persistent encore et toujours en 2023 ! Vous la sentez cette grosse odeur rance mêlée de fourberie et de petites lâchetés ? Vous le sentez passer ce petit prout puéril et injuste qui nous force à quitter les lieux, au plus tard le 5 novembre de cette année ?

C’est con car on l’aime bien cet appart malgré les désagréments qui l’accompagnent ! Depuis qu’on est ici, on a tissé des liens avec plusieurs habitants. On en aide certains, on se rend des services. Ma femme a grandit ici, elle y a ses parents, sa grand-mère, de la famille. Nous habitons dans le logement de son ancienne maitresse d’école, notre jardin actuel était sa cour de récré. Je côtoie ce village depuis plus de 20 ans maintenant. On s’est mariés dans cette même mairie ! Mais voilà pour des raisons qui nous dépassent, on ne revient pas au « shérif » du canton !

Alors oui, c’est vrai, on cherche notre perle rare immobilière et on finira par partir d’ici mais on aurait aimé avoir l’initiative du calendrier, le luxe de faire les choses à notre rythme et non dans la précipitation. A finir d’être misanthrope… et de définitivement devenir son propre bailleur tout ça !

Les vagues ont fini par nous recracher sur la plage des incertitudes dans un silence assourdissant. Nous sommes hébétés, un peu désorientés mais toujours terriblement en vie ! On va affronter les défis auquel nous sommes confrontés, comme toujours, comme à chaque fois… et on le refera encore et encore tant qu’il le faut. On est déjà remonté à bord de notre frêle esquif, à chercher le bon vent qui nous portera vers notre terre promise. On a déjà ressortit le sextant et le compas pour pouvoir élaborer notre futur plan de navigation.

Mais honnêtement là, tout de suite, je rêve de me retrouver dans mon jacuzzi à 38°c avec des canards jaunes en plastique en guise de dauphins, pour jouer le remake du grand bleu et sortir de mon apnée… pour apprécier la prochaine grande bouffée d’oxygène, pour rire des prouts de mes anciens voisins, tout en ayant la satisfaction d’être enfin chez moi dans MA maison !

Pour 2023, faites ce que vous pouvez du mieux que vous le pouvez mes pirates ! Et ça sera très bien comme ça.

Partagez ce post sur :

❤️
0
😀
0
😂
0
😡
2
👍
0
👎
0

Les mots m’appartiennent jusqu’à ce que tu les ressentes.
Alors dis-moi ce que t’inspire
ce post en cliquant sur un émoji ou laisse un commentaire.
Tes retours comptent vraiment pour moi, c’est ma boussole et ma motivation pour mes prochaines publications.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le Griphonneur

Écrire, dire, partager !
2025. Tous droits réservés.
mis en ligne grâce à l’open source.