(Ancien Post Facebook avant création de ce blog.)
Cela fait une éternité + 3 jours que je n’avais pas jeté un (très gros) pavé textuel sur mon mur social. Je me demande toujours s’il y a encore des gens intéressés par mes réflexions personnelles de plus de 200 caractères, mais j’ose malgré tout.
Il y a quelques jours, j’ai eu le plaisir d’assister au mariage de deux amis qui me sont chers, rencontrés à Rochefort en Charente-Maritime, où j’ai vécu pendant 8 ans. Le 27 rue des Meuniers a été, en son temps, le cadre de chouettes moments partagés.
Durant cette cérémonie, j’ai été ému, j’ai ri, j’ai bien mangé (thème réunionnais !!), discuté et dansé jusqu’au bout de la nuit ! Ce moment a éveillé en moi bien plus d’émotions et de réflexions que je ne l’aurais imaginé. Je pensais simplement assister à l’union de deux personnes, profiter du moment présent et rentrer « chez moi » à 460 km de là comme si de rien n’était. Pourtant, dès le lendemain, en journée off sur l’île d’Oléron avant de repartir, mes yeux se sont discrètement embués derrière mes lunettes de soleil. (Oui, le soleil avait décidé de faire une percée ! Si, si, je vous jure !)
Face à la mer et au fort Boyard, une vague introspective m’a frappé en plein visage !
Ressentir toute cette tendresse, cet amour, cette amitié, écouter les discours et les témoignages des uns, y aller de son petit speech. Observer les parents, les sœurs, les témoins s’affairer en un essaim coordonné autour des mariés pour tenter de minimiser leur stress. Voir un gendre se faire adouber par sa belle-famille. Participer au battle culinaire des 3 régions représentées : Charente-Maritime, Bourgogne, Franche-Comté (verdict : ce n’est pas la Réunion qui aurait gagné ??) Toute cette effervescence, cette ébullition autour d’un objectif commun : célébrer l’amour d’un couple et témoigner en même temps de son propre amour pour une fille, un fils, une sœur, un frère, un ou une amis ou les deux ! Recevoir en plus de tout ça quelques manifestations plaisantes de revoir ma petite personne, impossible de rester insensible !
Quand j’étais à la Réunion, j’ai vécu des moments magiques mais je suis passé à côté de quelques rassemblements ou événements marquants. J’ai raté des mariages, des anniversaires et même des enterrements. Si la distance peut parfois faire le plus grand des biens, elle peut aussi nous priver de moments importants. J’ai toujours pris les choses avec philosophie. Vivre, c’est faire des choix et il faut assumer pleinement leurs conséquences. Pour profiter d’une opportunité, il faut souvent en abandonner ou passer à côté d’autres. C’est ainsi.
Pendant cette fête, j’ai réalisé que le sentiment d’éloignement n’était pas seulement une question de kilomètres séparant les êtres. En contemplant mes jeunes mariés et leur entourage, une forme de distanciation m’est apparue.
Les mariés étaient resplendissants, comme il est attendu en pareille circonstance, mais là, ils étaient vraiment sublimés. Entourés de leurs plus fidèles et proches amis, soudés comme jamais autour d’eux, s’impliquant du mieux qu’ils pouvaient pour participer à rendre ce moment unique. Si j’ai fait modestement partie de cette bande, il y a 10 ans, mon chemin m’a ensuite éloigné d’eux et ce n’est plus qu’à de trop rares occasions que j’ai pu partager leur amitié.
Les revoir tous rassemblés en une base solide et bienveillante m’a rappelé combien j’ai manqué des moments de leurs vies. Leur quotidien a continué sans moi (et fort heureusement !). Ils ont évolué professionnellement, pris des responsabilités, gagné en expertise, prospéré. Certains se sont mis en couple, ont donné naissance à un ou plusieurs enfants. Ceux qui en avaient déjà se retrouvent aujourd’hui avec de beaux et jeunes adultes ! D’autres se sont séparés et essaient de se réinventer. Après toutes ces années, et c’est là leur force, ils continuent à vivre les pleins et les creux du quotidien ensemble ou à minima jamais bien loin les uns des autres. Et moi, je trouve ça beau ! Aucune jalousie mal placée de ma part, c’est même l’inverse, je suis admiratif et sincèrement heureux pour eux. J’envie leur relation.
Mon rapport à l’amitié, au travail, à la vie de famille au sens large a pas mal été bousculé. Moi qui ne suis pas vraiment d’ici, ni tout à fait d’ailleurs, qui ne suis attaché à aucune région, à aucun territoire. Moi qui n’ai jamais eu de plan de carrière, qui manque toujours de courir derrière une voie professionnelle précise. Moi qui ai choisi de ne pas avoir d’enfants et qui ai un rapport assez conflictuel avec une partie de ma famille. Je me sens toujours un peu à la marge, ni meilleur ni pire, juste comme un pollen insaisissable à la merci des vents et qui peine à s’enraciner profondément quelque part.
Je peux voir du pays (mais pas tant que ça en définitive) et pour rencontrer des personnes différentes, c’est génial mais pour réussir à garder des liens forts sur le long terme, c’est plus délicat ! Alors les vrais amis sur qui je peux compter se font rares et sont souvent loin de moi. Du coup, je me demande toujours si je suis un « bon » copain, me considérant souvent un peu illégitime, comme si je n’étais que furtivement de passage dans la vie de tous.
Cette forme de distance que je peux éprouver, aucun ami ne me l’a jamais reproché ou fait sentir intentionnellement. La façon dont je me perçois, de me sentir un peu seul parfois m’interroge tout de même. Pourtant, j’aime sincèrement mes amis et je pense à eux souvent.
Alors, quand je suis invité par des gens que j’estime beaucoup et qui trouvent un prétexte merveilleux pour nous rassembler, je réponds présent ! Je saisis la chance qui m’est offerte et j’en profite pour essayer d’exprimer mon amour de façon claire et intelligible. On en profite également pour se remettre à jour. On échange avec plaisir comme si l’on reprenait une discussion arrêtée hier. On voudrait ralentir le temps, le faire durer mais il est déjà quasiment l’heure de partir.
Et une fois seul sur la plage avec la femme qui partage ma vie depuis maintenant 23 ans, je réalise qu’une sorte de ligne invisible s’est subtilement glissée entre nous. Une distance plus émotionnelle, celle-ci.
Les deux dernières années ont été éprouvantes, particulièrement pour ma chérie. L’échec de certains gros projets, la mort de Safran notre chien adoré, notre déménagement forcé, l’emménagement dans une nouvelle région, les travaux d’envergure auxquels nous sommes confrontés, la fatigue de courir après les financements et le décès récent de sa maman l’ont ébranlée comme jamais.
Cette période de turbulences a causé un sentiment d’isolement supplémentaire. Malgré notre proximité physique et le fait que nous vivons actuellement dans un espace réduit (camping-car le temps des travaux), il y a des moments où chacun a pu se sentir seul et un peu désarmé. Cette forme de solitude est particulière, on est côte à côte et en même temps séparé par des hordes de tourments ou de questionnements. Par exemple, j’ai pu me sentir seul face à mon incapacité à apaiser ses maux. Voir son amoureuse traverser des épreuves sans pouvoir réellement l’aider est assez inconfortable à vivre.
J’ai compris assez vite que je n’avais pas le droit de minimiser sa peine, qu’il n’y a pas de comparaison possible entre les douleurs, ni d’endroit ou de moment adéquat pour se faire envahir par la souffrance. J’ai eu plus de mal à accepter que certaines batailles à mener sont intimes, nécessitant d’être traversées en autonomie. Qu’il me fallait réussir à lui concéder l’espace nécessaire pour vivre son chagrin, respecter sa fragilité émotionnelle du moment et son besoin de calme et de solitude. Que l’apaisement pouvait prendre du temps, beaucoup de temps.
Tenter d’être un bon partenaire signifie parfois simplement être présent, sans essayer de vouloir tout résoudre mais c’est plus facile à écrire qu’à mettre en pratique. Être présent sans être pressant, soutenir sans surprotéger, aider sans imposer, écouter sans toujours chercher à apporter des solutions. Il n’en reste pas moins qu’il m’arrive d’être impatient à retrouver un peu d’insouciance, de joie profonde. Que cette instabilité peut me peser ou m’irriter certains jours et qu’il peut même m’arriver de lui en vouloir. Et je dois être OK avec ça, accueillir comme je peux mes limites et mes contradictions. Une chose reste immuable dans tout ce marasme, je continue de l’aimer profondément.
Comment alors accompagner au mieux l’autre tout en mettant son ego de côté ? Comment ne pas lui ajouter de pression supplémentaire ? Comment gérer cette distance quand on est si proches depuis si longtemps ? Comment traverser ses propres états d’âmes et répondre à son propre besoin de tendresse, d’attention ? Comment enfin assimiler tout cela sans tout remettre en question, sans craindre l’avenir ou croire en la fin du monde ? Comment réussir à garder confiance ? Beaucoup de questions, j’en conviens !
Une vie de couple est faite de temps forts, qu’ils soient merveilleux ou plus compliqués. Parfois, on a juste à se laisser porter, parfois on se retrouve au beau milieu d’un labyrinthe dont on espère trouver la sortie à deux. Rajoutez maintenant à l’équation un petit Uzu, qui est encore plus sauvage et mal à l’aise en société que ses maîtres, et vous obtiendrez le parfait cocktail pour passer de bien belles journées ! Qui pensait que tout était toujours facile pour les DURAND ?
Au-delà de toutes ces réflexions qui m’animent, j’ai vécu ce week-end intensément, de manière très positive, si si, c’est vrai ! Ça m’a fait un bien fou. Assister à l’union et à l’unisson d’un couple, d’un groupe, d’un clan. Participer à la bonne humeur générale, se sentir vivant, danser à s’en déboîter la hanche, apporter sa petite pierre à l’édifice, se sentir apprécié pour ce qu’on est. Autant de bienfaits qui m’ont re-dynamisé l’esprit, rempli le cœur, redonné de la force et l’envie d’écrire ! Alors merci les copains de me faire progresser et réfléchir !
À toutes nos parcelles de bonheur,
À nos amours, nos amitiés
À toutes nos traversées du désert
À nos enfers, nos paradis
À toutes nos errances, nos inimitiés
À nos pertes de repères ou de valeurs
À toutes ces grandes leçons apprises
À nos sourires, nos larmes versées
À toutes nos batailles, nos guerres intérieures
À nos victoires, nos défaites
À toutes ces émotions qui nous traversent
À nos joies, à nos souffrances
À toutes ces pensées qui nous obsèdent
À nos différences, nos ressemblances
Et surtout à vous tous que j’aime de près ou de loin.
Bisous et cœur sur vous !
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