Regarder dans le rétro, parfois, ça permet d’observer le chemin parcouru. Se rendre compte de toutes les petites graines semées derrière soi, comme d’observer les petits ou gros cailloux dont on s’est dépossédé en chemin.
Le temps file comme une voiture roulant à tombeau ouvert ! Il y a 15 ans (mais peut-être était-ce hier !), j’ai pris sans le savoir l’une des décisions les plus importantes de ma vie : partir à ma propre découverte.
Et il en aura fallu des kilomètres – 760 pour être exact – pour arriver à me rencontrer.
À l’époque, j’étais arrivé à un stade où j’avais besoin de retrouver confiance en moi, de tracer ma propre route, d’affronter mes peurs, de faire mes propres choix. De « simplement » croire en moi et en mes facultés à dépasser l’adversité.
Ce désir farouche d’élargir mon horizon, de sortir de ma zone de confort, de nourrir mon envie de rencontre et d’échange.
Il m’a fallu trouver un prétexte : rallier l’Océan à la Mer, l’Atlantique à la Méditerranée, La Rochelle à Montpellier.
Décider d’un moyen de locomotion simple : mes deux jambes. Et me contenter d’un sac à dos en guise d’appartement.
Jamais je n’aurais pu soupçonner tout ce qu’allait m’apporter ce voyage, autant d’un point de vue personnel, humain que professionnel. Ce fut aussi rude qu’incroyable !
Tous ces milliers de pas effectués, tous ces doutes surmontés, ces courbatures ressenties, ces nœuds au cerveau déjoués, toutes ces personnes rencontrées… et tous ces mots gribouillés dans ce petit cahier.
Comment aurais-je pu imaginer que de cette histoire, j’allais écrire un livre, puis un second, éditer un DVD, donner autant de conférences, de séances de dédicaces, avec tous les échanges qui en ont découlé ? Toutes ces interviews dans les journaux, à la radio et même à la télévision. Moi, le garçon d’ordinaire discret, je me montrais et prenais ouvertement la parole. Tout cela pour une seule finalité : partager ce que j’avais vécu et touché du pied, faire comprendre ce que j’avais ressenti avec mon cœur et mes tripes.
Pour donner à chacun l’envie de réaliser ses propres rêves, d’oser se rapprocher de ce qui fait intensément vibrer. Je voulais transmettre une forme de flambeau, pour que la fierté — même née du plus petit acte — continue de rayonner à travers le plus d’humains possible.
De ces six départements traversés, j’ai retenu une chose essentielle : pour avancer au mieux dans la vie, le plus librement possible, il fallait d’abord commencer par faire un premier pas… vers soi.
Il fallait que je le crie sur tous les toits, sûrement pour continuer, moi-même, d’en recevoir l’écho les jours de moins bien.
Depuis cette aventure, l’eau a continué de couler à travers les mers et les océans. Et il aurait été facile de se laisser bercer par l’illusion de l’accomplissement ultime, de croire que j’avais tout compris du sens de la vie.C’était sans compter sur la grande facilité qu’a la vie justement à vous replacer devant des défis, des problématiques ou des échecs. Elle sait nous rendre humbles. Et aussi vieux que je vivrai, je sais pouvoir faire confiance en sa capacité à m’offrir de grandes ou de petites leçons. Des faciles, des plus subtiles, des qui paraîtront faussement évidentes, ardues, ou d’autres plus alambiquées.
Grâce à cette expérience, j’ai réussi à engranger la confiance et l’affirmation de soi qui me faisaient tant défaut. Ça m’a aidé à persévérer dans la prise de risque.
Sans elle, je n’aurais vraisemblablement pas eu l’audace d’aller vivre à La Réunion. Je n’aurais pas goûté à toutes ces belles années de découvertes et de partages. Je n’aurais jamais eu l’idée de faire du trail, de m’engager sur des courses de plus de 20 kilomètres ! Je n’aurais pas eu le cran de déménager dans une région que je ne connaissais pas, d’acheter une maison où absolument tout restait à faire…Et tant d’autres choses !
Aujourd’hui, je suis plus fort et mieux armé face aux changements et aux imprévus. Je sais ce que je vaux, ce dont je suis capable. Je sais faire respecter mes valeurs, imposer mes limites. Je sais être plus réceptif aussi à ce qui m’entoure.
Rien n’est jamais acquis cependant, et à 41 ans, je dois toujours me forcer à aller de l’avant. Je me dois encore de tenter des expériences, d’essayer, de rater même. Il me faut rester en mouvement, encore plus quand, parfois, j’ai l’impression désagréable de stagner ou de régresser.
Je n’ai pas envie de passer à côté de ma vie, à côté de mes envies.
Je veux continuer à apprendre, progresser, rencontrer, et ressentir de belles émotions.
Bref, j’ai besoin — comme tout un chacun — de me sentir vivant !
Finalement, ce voyage effectué il y a exactement 15 ans ne s’est peut-être jamais terminé en vrai.
Peut-être suis-je encore là, en train de tracer ma voie ?
Allez, les coups de rétro, c’est nécessaire deux secondes, mais le plus important, c’est bien ce qui se passe devant, non ?
Alors… tut-tut !
Laissez-moi passer, j’ai encore plein de choses à réaliser !






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